La loi Lagarde dans le cadre de l’assurance emprunteur

Publié le 18 février 2019| Mis à jour le 4 avril 2025

Assurance Emprunteur

La loi Lagarde, entrée en vigueur en 2010, a révolutionné le marché de l’assurance emprunteur en France. Cette réforme majeure, initiée par Christine Lagarde alors ministre de l’Économie, a transformé la relation entre les emprunteurs, les banques et les assureurs.

Points essentiels à retenir :

  • La loi Lagarde permet aux emprunteurs de choisir librement leur assurance de prêt lors de la souscription d’un crédit immobilier
  • Les banques doivent accepter une assurance externe si elle offre des garanties équivalentes à celles de leur contrat groupe
  • Cette délégation d’assurance peut générer jusqu’à 10 000€ d’économies sur la durée totale du prêt
  • La loi interdit aux banques de modifier les conditions du prêt si l’emprunteur opte pour une assurance externe
  • La délégation d’assurance est possible jusqu’à la signature de l’offre de prêt
  • La loi Lagarde a été complétée par d’autres dispositifs (lois Hamon, Bourquin et Lemoine) qui étendent les possibilités de changer d’assurance en cours de prêt

Qu’est-ce que la loi Lagarde et pourquoi a-t-elle été instaurée ?

Avant 2010, les établissements bancaires imposaient systématiquement leur propre assurance de prêt aux emprunteurs. Cette pratique, pourtant déjà interdite par l’article L122-1 du Code de la Consommation, limitait considérablement la mise en concurrence des offres d’assurance emprunteur.

La loi Lagarde, promulguée le 1er septembre 2010, visait à rompre avec cette situation en instaurant trois changements majeurs :

  1. Permettre à l’emprunteur de refuser l’assurance proposée par la banque pour choisir une solution auprès d’un assureur externe
  2. Interdire à l’établissement prêteur de refuser une assurance externe offrant des garanties équivalentes
  3. Empêcher la banque de modifier les conditions du prêt (notamment le taux d’intérêt) si l’emprunteur choisit une assurance individuelle

Cette loi a constitué une première étape décisive pour libéraliser le marché de l’assurance emprunteur et favoriser la concurrence entre les assureurs.

Le principe d’équivalence des garanties : condition essentielle

Le principe d’équivalence des garanties est au cœur du dispositif de la loi Lagarde. Pour qu’une banque accepte une assurance externe, celle-ci doit offrir un niveau de protection au moins équivalent à celui proposé par l’assurance groupe de la banque.

Ce principe repose sur deux critères fondamentaux :

  1. Le contrat externe doit intégrer les mêmes garanties que celles proposées par la banque (généralement décès, PTIA, ITT, IPT)
  2. La délégation d’assurance ne doit pas présenter plus d’exclusions que le contrat groupe de l’organisme de crédit

Pour faciliter l’évaluation de cette équivalence, les banques doivent fournir une Fiche Standardisée d’Information (FSI) qui détaille précisément :

  • La liste et le descriptif des garanties exigées par le prêteur
  • Les critères de prise en charge (délais, franchises et exclusions)
  • Le Taux Annuel Effectif Assurance (TAEA)
  • Le montant de la cotisation mensuelle
  • Le coût total de l’assurance sur la durée du prêt

Procédure de délégation d’assurance selon la loi Lagarde

La mise en œuvre de la délégation d’assurance selon la loi Lagarde suit un processus structuré :

  1. L’emprunteur dépose sa demande de crédit auprès de la banque
  2. La banque et l’emprunteur remplissent ensemble la fiche informative standardisée
  3. La banque émet une offre de prêt et propose son assurance groupe
  4. L’emprunteur peut alors décider de souscrire une assurance auprès d’un assureur externe
  5. L’emprunteur soumet cette assurance alternative à la banque pour validation
  6. La banque dispose de 10 jours ouvrés pour accepter ou refuser la délégation
  7. En cas de refus, la banque doit justifier sa décision par écrit

Que faire en cas de refus de délégation d’assurance ?

Si la banque refuse la délégation d’assurance, l’emprunteur dispose de plusieurs recours :

  • Contester la décision auprès du directeur ou du service clientèle de l’établissement
  • Saisir le médiateur bancaire compétent (procédure gratuite et confidentielle)
  • Si nécessaire, porter l’affaire devant le tribunal compétent

Comparaison : loi Lagarde et autres dispositifs légaux

DispositifDate d’applicationMoment du changementConditions
Loi Lagarde2010À la souscription du prêt (avant signature)Équivalence des garanties
Loi Hamon2014Pendant les 12 premiers mois du prêtÉquivalence des garanties
Amendement Bourquin2018À chaque date anniversaire du contratÉquivalence des garanties + préavis de 2 mois
Loi Lemoine2022À tout moment pendant la durée du prêtÉquivalence des garanties

Avantages économiques de la délégation d’assurance

La délégation d’assurance permise par la loi Lagarde présente des avantages financiers significatifs pour les emprunteurs :

  • Les économies potentielles peuvent atteindre jusqu’à 10 000€ sur la durée totale du prêt
  • Les assurances externes proposent généralement des tarifs plus compétitifs que les contrats groupe des banques
  • La tarification personnalisée permet aux profils à faible risque de bénéficier de conditions plus avantageuses
  • Les assurances déléguées offrent souvent une meilleure couverture pour les profils spécifiques (sportifs, professions à risque, etc.)

Grâce à la loi Lagarde, une baisse d’une dizaine d’euros de la cotisation mensuelle se traduit sur un emprunt de 15, 20 ou 25 ans, par des milliers d’euros économisés.

Les limites de la loi Lagarde

Malgré ses avancées significatives, la loi Lagarde présente certaines limites :

  • Elle ne s’applique qu’à la souscription du prêt, pas aux contrats en cours
  • Le texte ne prévoit aucune sanction à l’égard des établissements qui refuseraient de façon injustifiée la délégation
  • Certaines banques peuvent utiliser des critères d’équivalence très stricts pour décourager la délégation
  • Le processus de comparaison des garanties peut s’avérer complexe pour les emprunteurs

Ces insuffisances ont conduit à l’adoption de dispositifs complémentaires (lois Hamon, Bourquin et Lemoine) pour renforcer les droits des emprunteurs en matière d’assurance de prêt.

Autres dispositions de la loi Lagarde

La loi Lagarde ne se limite pas à la délégation d’assurance emprunteur. Elle comporte également d’autres mesures importantes :

  • Encadrement du crédit renouvelable : durée maximale de remboursement limitée à 3 ans pour les montants inférieurs à 3 000€
  • Prolongation du délai de rétractation pour les crédits à la consommation (de 7 à 14 jours)
  • Suppression des pénalités libératoires pour les interdits bancaires
  • Encadrement de la publicité pour les crédits
  • Développement du microcrédit
  • Meilleur encadrement des opérations de rachat de crédits
  • Réduction des plans et procédures de surendettement

Cette loi a représenté une avancée majeure pour les consommateurs

La loi Lagarde a marqué un tournant décisif dans la libéralisation du marché de l’assurance emprunteur. En accordant aux emprunteurs la liberté de choisir leur assurance lors de la souscription d’un prêt immobilier, elle a favorisé la concurrence entre les assureurs et permis aux consommateurs de réaliser des économies substantielles.

Bien que cette loi ait été complétée par d’autres dispositifs pour élargir les possibilités de changement d’assurance en cours de prêt, elle demeure le fondement de la délégation d’assurance en France. Elle constitue ainsi un levier essentiel pour optimiser le coût global d’un crédit immobilier.

Pour profiter pleinement des avantages offerts par la loi Lagarde, il est recommandé de comparer attentivement les offres d’assurance de prêt disponibles sur le marché et de s’assurer que les garanties proposées correspondent bien aux exigences de la banque prêteuse.

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